— Je n'osais pas...
Cunningham prit miss McCarthery dans ses bras et cette dernière, fermant les yeux, tendit ses lèvres pour savourer le premier baiser de sa vie, mais Allan l'embrassa sur le front. Elle pensa qu'il était vraiment très timide.
Imogène ayant manifesté l'intention de prendre une tasse de thé avant de se coucher, AUan tint à le préparer lui-même et, quand il le lui apporta, il déclara qu'il en serait désormais ainsi tout les soirs. Imogène était si touchée par cette tendresse qu'elle n'osa pas dire à son fiancé qu'elle trouvait son thé bien amer et que, dans son émotion, il avait dû oublier le sucre.
Bientôt, miss McCarthery, engourdie dans un bien-être peuplé de charmantes visions, se rendit compte qu'elle glissait dans le sommeil. Elle voulait lutter mais, pour une fois, la lassitude l'emportait sur sa volonté. Elle prit congé d'Allan et, avec toutes les peines du monde, regagna sa chambre. En passant devant la porte de Nancy, elle voulut entrer pour lui apprenàre ses fiançailles, mais elle n'en eut pas la force. Elle mit un temps infini à se déshabiller, glissant à tout instant dans une somnolence dont elle s'arrachait à grand-peine. Quand elle fut en toilette de nuit, elle tomba sur son lit plutôt qu'elle ne s'y allongea et, avant de perdre conscience, elle eut le temps de remarquer que la grande voix du vent sur la lande chantait la Marche nuptiale de Mendelssohn.